Depuis la conjecture de Polignac [1] énoncée en 1849, de très nombreux travaux sur les nombres premiers, les couples de premiers distants d'un entier pair et les constellations de premiers ont été publiés assez régulièrement au fil des ans ([2], [3], [4], [5], [6], [7], ...). Pour un quelconque e pair supérieur ou égal à 2, on considère les ensembles Ce de tous les couples de premiers (p, p+e), non nécessairement consécutifs. Dans l'ensemble P des nombres premiers, on considère les sous-ensembles Je constitués de tous les premiers distincts appartenant à Ce. On définit les ensembles analogues C*e et J*e constitués uniquement à partir de tous les couples de premiers (p, p+e) consécutifs. Le cas e=2 définit les premiers jumeaux, e=4 les premiers cousins, e=6 les premiers sexy, e=8 les premiers octo, ... L'arithmétique modulaire dans N/6N nous permettra d'établir deux théorèmes concernant Ce et C*e et exprimant une nouvelle propriété générale de ces couples. Nous donnerons aussi quelques résultats numériques sur les raretés des Je et J*e en utilisant le logiciel de calcul PARI/GP. Nous établirons enfin un théorème pour les constellations de nombres premiers de type k-uplet, à écart constant où nous mettrons en évidence le rôle essentiel des écarts de type primorielle, e = p# (avec p# = 2*3*5*7*...*p). Ce résultat est l'extension assez naturelle, pour k > 3, des deux premiers théorèmes qui font intervenir la plus petite primorielle supérieure à 2, 3# = 6. Nous exprimerons ainsi des propriétés constructives simples qui déterminent explicitement les possibles raisons des suites arithmétiques de nombres premiers de longueur k > 2, dont l'existence est assurée par le théorème de Green-Tao ([5]). Les raisons qui conduisent, pour un k donné, à plusieurs suites sont uniquement des primorielles strictement supérieures ou égales à 3# ou leurs multiples et pour k > 3 toutes les raisons sont exclusivement des multiples de 6. |
Illustration numérique des Ce et C*e. Dans le fichier PolignacNC on pourra obtenir, pour un e choisi, les couples de premiers consécutifs ou les couples de premiers non nécessairement consécutifs. |
Théorème 1. Pour les ensembles Ce, constitués de couples de premiers (p, p+e) non nécessairement consécutifs , on aura: 1) Pour e (pair) non multiple de 6 (e=2(6) ou 4(6) uniquement): si e+3 et 2e+3 sont des nombres premiers, alors il existe une seul bi-triplet (3, e+3, 2e+3) et Δ-e=1, le bi-e étant e+3; si e+3 ou 2e+3 n'est pas premier, il y a 0 bi-triplet et donc Δ-e=0. 2) Pour e = 0(6) il existe plusieurs bi-triplets (p, p+e, p+2e) et Δ-e est strictement plus grand que 1; le plus petit élément p possible est 5. |
Théorème 2. Pour les ensembles C*e, constitués de couples de premiers (p, p+e) consécutifs , on aura: 1) Pour e = 0(6) il existe plusieurs bi-triplets (p, p+e, p+2e) et Δ*-e est strictement plus grand que 1 (dans ce cas le plus petit élément de bi-triplet possible est 5). 2) Pour e ≠ 0(6), à l'exception de e=2 qui possède 1 seul bi-jumeau 5 (couples 3-5 et 5-7), il n'y a aucun bi-e et donc Δ*-e=0 pour tout e>2. |
On a utilisé le logiciel de calcul PARI/GP sous DOS pour coder et obtenir les résultats suivants; il s'agit de calculs directs, sans aucune technique d'accélération de la convergence (comme celle utilisant le théorème de Brun pour obtenir la constante de Brun donnée plus haut), et concernant nos ensembles Je (resp. J*e) de premiers DISTINCTS et non Ke (resp. K*e). R2 = 1.59790431095512 dans [3, 1011] R*2 = R2 R4 = 1.42612194249570 dans [3, 1011] R*4 = 1.09278860916237 dans [3, 1011] R6 = 1.74286774426663 dans [3, 1011] R*6 = 0.83369899889526 dans [3, 1011] R8 = 1.45160435123268 dans [3, 1011] R*8 = 0.24631561369615 dans [3, 1011] R18 = 1.52889757735194 dans [3, 1011] R30 = 1.69100908482706 dans [3, 1011] R*30 = 0.06644430369191 dans [3, 1011] R36 = 1.60595296763088 dans [3, 1011] R80 = 1.15292581121374 dans [3, 1011] R210 = 1.50319143288112 dans [3, 1011] R246 = 1.26033273531322 dans [3, 1011] R1000 = 0.65801712398707dans [3, 1011] R2020 = 0.68301704668138 dans [3, 1011] R*2020 = 10-38 dans [3, 1011] R2022 = 1.14226324200272 dans [3, 1011] R2310 = 1.15743893947818 dans [3, 1011] R10000 = 0.60161008679115 dans [3, 1011] R10000000 = 0.61732626495486 dans [3, 1011] R1000000000 = 0.32216256254620 dans [3, 1011] |
Théorème 3 Pour la suite arithmétique (p, p+e, p+2e, p+3e, p+4e) avec p premier: 1) Si e = 0(6) et e ≠ 0(5#), alors: si e+5, 2e+5, 3e+5, 4e+5 sont tous premiers il y a 1 seul quintuplet avec pm = 5 et p*e = 2e+5, si l'un de ces nombres n'est pas premier il y en a 0. 2) Si e = 0(5#), alors il y a plusieurs quintuplets; le plus petit écart est e = 5# (= 30). 3) Si e ≠ 0(6) il n'y a pas de quintuplet. |
Théorème 4 Pour toute suite arithmétique (p, p+e, p+2e, p+3e, ..., p+(k-1)e) avec p premier et k > 3: Il existe un plus petit premier pk tel que: 1) Si e = 0(pk-1#) et e ≠ 0(pk#), il peut y avoir au plus un k-uplet de raison e; 2) Si e = 0(pk#), alors il y a plusieurs k-uplets de raison e (la plus petite raison étant pk#); 3) Si e est autre (et en particulier non 0(6)) il n'y a pas de k-uplet de raison e. |
Dans l'ensemble infini P des nombres premiers, on a une double infinité de sous-ensembles Je
et J*e, eux-mêmes (conjecturés) infinis, avec intersections possibles, dont les constantes de rareté respectives sont strictement inférieures à 2. Tous les ensembles avec e ≠ 0(6) ont au plus 1 bi-e: 1 pour certains Je (et J*2) et 0 pour les J*e, e>2. Tous les ensembles avec e = 0(6) (premiers sexy et super-sexy) ont la particularité de posséder de nombreux (en nombre conjecturé infini) premiers bi-e qui appartiennent donc à deux couples distincts et définissent des bi-triplets (p, p+e, p+2e); ils ont en outre (le cas e = 2 mis à part) une rareté supérieure aux ensembles avec e ≠ 0(6). On observe par exemple que les raretés des Je pour e = 6, 18, 30, 36, 210 sont toutes supérieures à 1.5 pour N = 1011 (bien qu'inférieures, bien sûr, aux RKe correpondants); avec e = 2022, 2310, les raretés deviennent inférieures à 1.5.... Pour tout k-uplet à écart constant e, k > 2, il existe toujours un plus petit e conduisant à un grand nombre de solutions, e = pk#; cette propriété est encore assurée par les e = 0(pk#); en dehors de ces valeurs de e, il y a au plus un seul k-uplet solution (et le plus souvent 0). Ce e est croissant avec k: 3# pour k = 3 ou 4, 5# pour k = 5 ou 6, ..., 11# pour k = 9 ou 10 ... Nous avons ainsi établi ici des propriétés constructives simples qui déterminent explicitement les possibles raisons des suites arithmétiques de premiers de longueur k > 2, dont l'existence est assurée par le théorème de Green-Tao ([5]): pour un k donné, les seules raisons qui peuvent produire plusieurs (un grand nombre que l'on peut conjecturer infini) k-uplets, sont nécessairement les primorielles supérieures ou égales à 3#(=6), ou leurs multiples; par ailleurs pour k > 3 toutes les raisons sont exclusivement des multiples de 6. Enfin quand la raison est au moins 0(5#), et qu'il existe plusieurs k-uplets, ils sont uniquement constitués de premiers avec le même chiffre des unités. |